Retour aux sources

Après le départ de Caro et Fred, nous voici encore trois de l'équipe des "Mangeurs" à arpenter les rues du Vigan et les couloirs de notre QG dans les locaux syndicaux de l'usine Well. L'objectif de la journée d'hier était de pousser encore un peu plus loin le glissement du réel dans la fiction que nous esquissons. Les personnages rencontrés dans le spectacle de la réalité doivent s'adresser aux formes que nous avons créées (Pendu et Robe rouge), à partir des textes écrits pour la pièce de théâtre "les Mangeurs". Devant la caméra, nous leur proposons d'en lire des extraits tandis que nos formes sont mises en situation dans l'usine, au bar ou devant le site de production. Les personnages du spectacle de la réalité intègrent la fiction et, magie du texte dramatique, les voilà plus impliqués encore que dans toutes nos propositions précédentes. Ils manient l'intonation, jonglent avec les intentions, touchent un instant aux plaisirs de l'incarnation... de l'interprétation ? Les textes de la pièce réalisée en 2007 étaient inspirés de notre première rencontre avec la population viganaise. Aujourd'hui, de nouvelles personnes de cette même population sont sollicitées pour les réinterpréter. Entre acteurs de la réalité et acteurs de la pièce les frontières s'atténuent. Ils s'entrelacent, se questionnent et se répondent. Posture nouvelle d'un théâtre nécessairement politique ?

Premier visionnage de rushes

Les Oscars c'est pas pour tout de suite...
Nous avons visionné les deux premières heures de rushes, hier soir.

Mauvaises surprises :
- Des tâches sont apparantes sur la plupart des images (faudra nettoyer ton objectif !!!)
- L'objectif "grand angle" ajouté sur une des caméras, déforme et floutte plusieurs images, notamment les plans larges. (toujours essayer tes nouveaux outils avant de t'en servir pour une réalisation !!!)
- La deuxième caméra change parfois de couleurs et vire au vert (ne pas utiliser de matériel défectueux !!!)
conclusion : regarde tes rushes à la fin de chaque journée de captation et ne te prends pas pour le cameraman de Scorsese avec tes caméras réservées aux dimanches en famille.

Bonnes surprises :
- Les images que nous avions en tête : le choix des points de vue, des espaces et des présences vont au-delà de nos attentes.
- De vraies pistes émergent pour une nouvelle dramaturgie où se mêlent le spectacle de la réalité et nos imaginaires.
- Un grand nombre de viganais et notamment d'ouvriers des usines Well se sont finalement prêtés au jeu devant nos caméras.
conclusion : Une bonne base pour notre prochaine étape de travail en août.

C'est avec un objectif de caméra propre que nous attaquons nos dernières 36 heures, sur le territoire viganais, de conceptualisation de la forme en devenir.

F. R. E.

ERRANCE

3 formes
rouge, bleu-gris, noire
une femme, un ouvrier, une pendue
3 rythmes
lent, rapide, circulaire
3 entités errantes
passent
- la teinturerie de l'usine Well : déserte, bruit des machines, odeur de Ménopan, solitude.



- un ruisseau ensoleillé, l'aqueduc, des chiens qui aboient, le vent : la forme rouge menace de s'envoler, l'ouvrier s'achemine avec son bois, la pendue cherche...ils marchent sans jamais se croiser

- le parc des châtaigniers : le ciel est gris, il fait froid, les arbres comme des fantômes sont vêtus de blanc, témoins de rêves de grands.

R

"Mets ta ceinture Alice... et bon voyage au pays des merveilles !"

Faisons le choix de retourner vers la population à l'heure du marché hebdomadaire du Vigan. Vendredi, Jean-Marie, notre agent de maintenance était devenu, le temps d'une pose de vingt secondes, un aventurier. Hier, nous lui avons soufflé les répliques de Néo dans "Matrix" alors qu'une nouvelle personne rencontrée devait répéter les mots de Morphéus. De rencontres en portraits, la population viganaise dit les mots que nous volons à Lewis Carrol par exemple ; aux fictions qui nourrissent nos imaginaires.
Demain, nous leur proposerons des extraits des textes que nous jouions dans la pièce "Les Mangeurs". Tour à tour, nous nous frottons aux acteurs du spectacle de la réalité et glissons ensemble sur les fruits biens mûrs de nos imaginaires partagés. Attention à la chute...

Emilien