J.1

Aujourd’hui on a installé nos affaires dans le local du CE de l’usine Well, à la teinturerie, grâce au soutien des ouvriers syndiqués. On est un peu comme à la maison, bien que la direction ne nous donne pas l’autorisation de filmer dans les locaux : on l’a appris ce matin, le directeur nous a appelés pour nous l’annoncer. Il semblerait qu’il se venge des images de lui qu’on a « volées » l’année dernière lors de notre travail de terrain…vengeance, vengeance ! On s’en fout, on est quand même là !
En ce moment les syndicats sont en discussion avec la direction, à l’étage, pour des négociations salariales. Un petit extrait du bulletin de l’intersyndicale d’aujourd’hui :

- « 2009 s’annonce déjà comme une année particulière dans le sens où nos patrons vont profiter de la crise mondiale pour encore une fois nous culpabiliser sur nos demandes aux négociations salariales. Nous simples salariés de Well nous ne voulons en aucun cas entendre cela. Suite aux magouilles des gros actionnaires, beaucoup de salariés vont se retrouver à pointer au plus gros pourvoyeur d’emploi du pays : L’ANPE, à savoir 64000 demandeurs d’emploi supplémentaires en novembre, et ce n’est pas terminé d’après l’INSEE, l’économie va détruire 169000 emplois entre janvier et juin. Le taux de chômage va dépasser les 8% en 2009 en France ».

On continue de se demander comment dans la situation économique actuelle on pourrait espérer l’émergence de nouvelles propositions, d’un élan d’inventivité.
On en appelle alors à la science fiction, aux films d’anticipation.
On en appelle à l’imaginaire.
On en appelle au délire comme dit Deleuze : délirer c’est désirer le monde.
On en appelle au désir.
Le désir de se projeter ensemble.
On se demande quels sont nos outils ?
On pense à notre présence ici, on se rappelle de la représentation de la pièce en avril l’année dernière ici dans l’usine.
On se dit que maintenant c’est ensemble qu’on doit créer, et c’est ce qu’on va tenter de faire pendant les 10 jours à venir.

C.